Environ 150 personnes rassemblées hier à Saint-Romain de Jalionas : des habitants, associations, ou élus, réunis pour évoquer le projet de barrage hydro-électrique sur cette portion du Rhône, la dernière encore non aménagée en France. C’est la CNR, la Compagnie Nationale du Rhône, qui est à la manœuvre, les études d’impact débutent à peine.
Un budget de départ explosé avec l’inflation ?
Cout initial du projet : 230 Millions d’euros, mais déjà des montants plus élevés, vu l’inflation des derniers mois, sont évoqués : jusqu’à 500 millions d’euros selon le maire de la commune. Le tout doit permettre d’alimenter 60 000 foyers (hors chauffage), en supposant que le Rhône garde sa puissance actuelle, ce qui avec la fonte des glaciers n’en prend pas le chemin. Alors que dans le même temps, la centrale nucléaire voisine du Bugey doit être équipée prochainement de deux nouveaux réacteurs.
Voir cette portion du Rhône non aménagée, la dernière en France, faire l’objet d’un si gros chantier, l’idée horrifie Catherine, Jalioromaine depuis 47 ans : « Je pense aux dégâts naturels, le paysage, tout quoi, la nature qu’il nous reste et qu’on veut essayer de préserver, mais qu’on veut nous enlever. S’ils le font, je pense même que je vendrai, et je partirai« .
De grosses inquiétudes sur l’environnement
Les pêcheurs du coin aussi s’inquiètent « Le réchauffement de l’eau, déjà, aura un impact hyper important« , explique Alain, le président d’une association de pêche locale. « Ce sera une perte de poissons parce qu’on s’aperçoit que chaque fois que la CNR ouvre ses barrages, on a des pertes de poissons incroyables. Donc l’important pour nous, c’est que ce barrage ne se fasse pas. On a de moins en moins d’eau en France, Les cours d’eau sont de plus en plus à sec,…«
Une inquiétude légitime estime Joël Alou, membre de la LPO (Ligue de protection des Oiseaux) : « L’inquiétude primordiale, c’est qu’il nous reste sur l’ensemble du Rhône 25 kilomètres qui sont préservés. Dans cette zone, il y a un certain nombre d’oiseaux, de reptiles, de batraciens qui sont inféodés au lieu. La construction d’un barrage va empêcher la libre-circulation de certaines espèces comme des loutres ou des castors par exemple« .
Proposer des alternatives
Pour lui, il vaudrait mieux se tourner vers les panneaux solaires. Sur le stand d’à côté justement, un collectif essaye de mettre en place une centrale photovoltaïque villageoise. « On fait partie des alternatives« , explique Christophe Brault, l’un des initiateurs. « On trouve des centrales villageoises juste de l’autre côté du Rhône. Il y a plein d’énergie. On trouve des centrales villageoises sur la CAPI par exemple. Mais sur la communauté de communes des Balcons du Dauphiné, il n’y a rien jusqu’à présent. C’est aussi pour ça qu’on est motivés pour créer cette nouvelle structure ».
Tout ça pour une utilité négligeable, estime Patrick, un autre habitant. C’est d’ailleurs un ancien agent EDF à la centrale nucléaire du Bugey, aujourd’hui à la retraite : ** »**37 mégawatts, ça équivaut à 1 % aujourd’hui de la production des quatre réacteurs de la centrale de Bugey. Pour moi, ça représente ‘peanuts’. Je pense que cette somme, pourrait être investie dans l’amélioration des matériels de la centrale de Bugey qui en a certainement besoin« .
Un lien encore flou avec la centrale nucléaire du Bugey
Une autre inquiétude concerne le patrimoine, l’archéologue Robert Royer insiste la richesse de ce site doit être préservée : « Ce n’est pas juste un site important, c’est un site majeur ! On a ici notamment une nécropole gauloise sur pratiquement un kilomètre et demi, en bordure d’un gué qui a été utilisé par Jules César pour passer le Rhône. C’est la première page de la Guerre des Gaules qui va s’achever en 52 avant Jésus-Christ avec la défaite d’Alésia« .
De son côté, le président de la communauté de communes Balcons du Dauphiné, Jean-Yves Brenier dénonce le flou qui entoure ce projet : « Il reste quand même un certain nombre de zones d’ombre, qu’il faut absolument qu’on arrive à lever. On a toujours cette question fondamentale qui n’a pas été résolue : c’est de savoir pourquoi la construction d’un barrage qui sera aussi onéreux en produisant aussi peu d’électricité. Et nous ne pouvons pas nous empêcher d’imaginer qu’il y a un lien fonctionnel entre le barrage et le nouvel le PR ».
« Et là encore, ce n’est pas une question de oui ou non, ni au nucléaire, ni au barrage. Nous avons besoin d’avoir la vérité. Nous avons besoin de savoir exactement quel est le lien entre les deux projets. Aujourd’hui, on se dit que ce barrage qui va produire d’électricité pour seulement 60 000 foyers hors chauffage et qui constitue 1 % de la production d’un réacteur nucléaire pour 500 millions d’euros ou quasiment, nous paraît un peu surréaliste. Donc on a besoin d’avoir des réponses« . Pour lui, le risque de voir une ZAD se développer contre ce projet de barrage est réel. Il dénonce aussi l’absence des élus du département et de la région sur ce sujet.
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