France Bleu Saint-Etienne Loire : On interroge les auditeurs ce matin et on leur demande ce qui fait selon eux un bon maire. Le plus dur quand on est maire, c’est de travailler pour l’intérêt général, trouver le bon équilibre ?
Yves Nicolin, maire de Roanne et président de l’Association des maires de la Loire : Travailler pour l’intérêt général, ce n’est jamais dur. Par contre, satisfaire à 100 % des habitants, c’est impossible. Lorsque l’on prend des décisions, forcément, il y a des mécontents. Lorsque vous voulez embellir une place, vous devez faire des travaux. Pendant les travaux, vous allez rendre difficile les accès, le stationnement, etc. Dans un village lorsque vous voulez mener une action, certains seront pour, certains seront contre. C’est un jeu d’équilibriste avec une demande qui est extrêmement varié de la part des habitants. Des gens veulent de la sécurité, ils ont raison. Ils veulent de l’embellissement, ils ont raison. Ils veulent que leurs écoles soient propres. Ils ont raison. Ils veulent des services, ils ont raison. Après, il y a aussi les problèmes de capacité budgétaire. Toutes les communes ne peuvent pas financer tout ce que leurs citoyens leur demande.
La proximité avec les administrés c’est important ?
C’est plus ou moins facile selon la taille de la commune. On imagine bien que la maire de Paris ne peut pas être présente dans tous les quartiers, à tous les moments. Par contre, lorsqu’on est au Coteau, lorsqu’on est à Roanne, et encore plus dans une commune moins peuplée, on peut être au contact des habitants. Moi, j’ai une ville qui fait 35 000 habitants. Je ne peux pas être au contact de tous les habitants en permanence. Si on était au contact de tous les habitants, en quasi-permanence, en allant au bistrot le matin, dans les commerces, dans les rues, les dossiers n’avancent pas. Je gère donc un millier de collaborateurs. Pour un petit maire c’est exactement la même chose. Quand il y a un, deux ou trois collaborateurs, il doit s’en occuper. Donc on ne peut pas passer son temps non plus à l’extérieur, à la disposition des habitants parce qu’il y a un travail à faire.
C’est donc la fin de ce 105ᵉ congrès des maires à Paris. Il a été beaucoup question des violences envers les élus. Est-ce que vous avez déjà été agressé et comment expliquez-vous cette montée des incivilités ?
Alors moi j’ai été agressé, mais pas en tant que maire. Tous les élus font l’objet d’une agression, qu’elle soit verbale et malheureusement aussi physique. C’était à une période où il y avait une grosse restructuration chez Giat Industrie (NDLR : devenu Nexter). Je recevais des menaces, régulières, y compris un jour un cercueil dans ma boîte aux lettres. Bon après il faut prendre du détachement par rapport à cela. Moi je dispose d’une police municipale, j’ai un entourage important. On peut compter sur des collaborateurs qui sont là en soutien. Le maire d’une petite commune, il est souvent seul. Il faut savoir que le maire, il est officier de police judiciaire, c’est un représentant de la loi. On ne s’adresse pas à un maire comme on s’adresse à son collègue du lieu de travail. Ou comme un jeune peut s’adresser à son copain.
Et comment fait-on pour mieux aider les maires dans leur quotidien ? Parce qu’ils sont de plus en plus nombreux à jeter l’éponge.
La première chose, c’est ne pas hésiter et aller systématiquement porter plainte à la gendarmerie, au commissaire de police. Et il faut que les procureurs, et nous avons la chance d’avoir dans la Loire deux procureurs qui s’occupe de cela et sont très réactifs, engagent des poursuites. Comment est ce que l’on peut accompagner les maires au quotidien ? D’abord, il ne faut pas qu’il soit seul et c’est la raison de l’existence de l’Association des maires de la Loire. C’est une structure assez légère, avec trois ou quatre collaborateurs selon les départements, mais qui permet d’accompagner les maires. Ils ne sont pas seuls. Il faut vraiment que ces structures, ces associations, les centres de gestion, les services préfectoraux accompagnent au quotidien les maires. Et plutôt que de les traiter quelquefois, malheureusement, un petit peu comme les serviteurs de l’Etat.
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