« Une percée record », « une entrée dans le top 500 » : la forte remontée du village de Marennes (Rhône), tout près de Lyon, dans le classement annuel des villes et des villages « où il fait bon vivre » et relayé en ce début d’année 2024 par le Journal du Dimanche n’est pas passée inaperçue.
Le village de 1 600 habitants, situé au sud de Lyon, aux portes de la métropole, s’est hissé à la 470ᵉ place sur 500 en gagnant en une année seulement 227 places. C’est la plus forte progression du classement 2024 dans la catégorie villages à l’échelle du Rhône et même de toute la France.
Une belle visibilité qui n’arrange pas tout à fait le maire de cette commune rurale. En effet, le gain d’habitants ces dernières années et ce nouveau coup de projecteur sur Marennes a des effets « revers de la médaille ». Le maire Timotéo Abellan s’en explique.
À lire aussi
« Il vaut mieux faire envie que pitié » mais ces classements « nous desservent »
Le maire du village a quelque peu été surpris de découvrir sa commune à cette place dans le classement.
« C’est gratifiant d’être classé sur le plan national à ce niveau-là. Il vaut mieux faire envie que pitié, mais il y a des conséquences. Il y a un revers de la médaille et ça ne se voit pas forcément », confie cet élu rural élu en 2020 et engagé au conseil municipal depuis 2001. « Ces classements nous desservent », lance-t-il.
Sa commune, située à moins de 30 minutes du centre de Lyon en voiture (si la circulation est fluide !), ne cherche pas forcément à attirer à tout prix des habitants. « Je ne sais pas trop ce qui fait que ma commune soit classée comme ça », affirme-t-il en toute transparence.
Non pas qu’il n’aime pas son village dans lequel il donne « toutes ses forces », mais pour l’élu de 72 ans, les habitants viennent surtout d’eux-mêmes en quittant les grandes villes voisines.
« 300 habitants en 15 ans avec peu de moyens »
L’édile doit notamment faire face à une arrivée importante d’habitants ces dernières années et sans publicité particulière. « En 15 ans, on a pris 350 habitants supplémentaires et presque en totalité des jeunes couples avec enfants. Cela nous a amené à construire un nouveau groupe scolaire qui n’est pas surdimensionné. C’est un budget conséquent pour une commune comme la nôtre, 7 millions d’euros ».
École pas assez grande, salle des fêtes trop petite, manque de places en crèche, centre de loisirs exigu, routes en mauvais état, réseau d’égouts trop vieillissant… La liste des problèmes coûteux s’allonge pour le village, trop petit face à sa croissance démographique.
Des urbains viennent essentiellement s’installer chez nous. La première demande, c’est d’avoir toutes les commodités qu’on a sur Villeurbanne, Lyon et Vénissieux. Il n’y a pas de transport en commun, pas de train. La voiture est indispensable. Quand on est deux avec des enfants, il faut au moins deux voitures, voire trois avec des enfants de plus de 18 ans. Très peu d’habitants chez nous roulent à vélo au quotidien.
À lire aussi
« Des habitants très différents »
Timotéo Abellan constate l’arrivée d’habitants aux habitudes très différentes de celles des anciens du village.
« Beaucoup de gens viennent faire construire leur maison ici sur de petits terrains mais avec des murs de 2,5 mètres, sans se croiser. Ils cherchent le calme de la campagne mais sont les uns sur les autres (…) Il y a de plus en plus de conflits de voisinage. Il y a des personnes qui n’acceptent pas les inconvénients de vivre côte à côte alors qu’ils vivaient en appartement avant ».
Explosion des prix des maisons
Autre conséquence d’être une ville rurale à proximité d’une grande métropole comme Lyon : l’explosion des prix du logement. « Le prix du foncier a grimpé en flèche. Les résidents de la commune, les jeunes qui ont des parents nés ici et qui veulent s’installer ne peuvent pas. Le foncier est trop cher et ils doivent partir ailleurs, c’est aussi le revers de la médaille ».
En cinq ans, le prix au m² des maisons a augmenté de près de 30%, selon le baromètre du site spécialisé Meilleurs Agents. Ce dernier mois, en janvier 2024, les prix se mettent à remonter avec +0,7% après plusieurs mois de baisse.
Le prix moyen d’une maison est de 3 894 €/m², quasiment autant qu’à Pierre-Bénite ou Décines-Charpieu dans la métropole de Lyon. Il n’est pas rare de ne rien trouver en dessous de 300 000 euros…
« On est devenu un village dortoir »
Le maire de Marennes constate que son bourg est devenu un « village dortoir » près de Lyon avec de moins en moins de commerces.
« On n’a presque pas de commerces, une boulangerie et une épicerie fine viennent de fermer, il y a encore une coiffeuse, un bar tabac mais sinon… », liste l’élu, impuissant.
Timotéo Abellan, qui « ne fera qu’un seul mandat de maire » à la vue de son âge, a en tout cas souvent un sentiment d’abandon. « On fait la quête des subventions, l’État nous aide peu et notre budget est très contraint ».
Une hausse de la taxe foncière à venir
Pour faire face à l’arrivée des nouveaux habitants, le prochain conseil municipal va voter la hausse de la taxe foncière de huit points. « Et encore, j’espère que ça suffira, sinon il faudra que je trouve d’autres ressources pour boucler le budget… »
Marennes, un village où il fait bon vivre finalement ? En partie oui, selon son maire mais qui se passerait bien de futurs classements élogieux aux conséquences inattendues sur sa petite commune.
Suivez toute l’actualité de vos villes et médias favoris en vous inscrivant à Mon Actu.
La finalité de lestropheesdesmairesdurhone.fr est de débattre de Rhone en toute authenticité en vous donnant la visibilité de tout ce qui est en lien avec ce thème sur le net Ce texte est reconstitué aussi exactement que possible. Si vous projetez d’apporter quelques modifications sur le thème « Rhone », vous avez la possibilité de d’échanger avec notre journaliste responsable. Ce dossier autour du sujet « Rhone » a été trié en ligne par les spécialistes de la rédaction de lestropheesdesmairesdurhone.fr En consultant de manière régulière notre blog vous serez informé des futures parutions.
