Un coup d’arrêt dans la carrière politique de Stéphane Ravier. Ancien chef de file du RN à Marseille, passé dans le camp Zemmour avec perte et fracas en 2022, le sénateur Reconquête! vient d’être condamné par le tribunal correctionnel de Marseille à une peine de 6 mois de prison avec sursis pour prise illégale d’intérêts, assortis d’une année d’inéligibilité. Son avocat, Julien Pinelli, vient d’annoncer son intention de faire appel.
Cette condamnation, Stéphane Ravier la doit à une affaire très embarrassante : l’embauche de son fils, aux espaces verts de la mairie des 13e/14e, quand il en était aux manettes de cette mairie de secteur. Au chômage depuis trois ans, Thomas Ravier avait intégré, en août 2015, une Brigade d’intervention de proximité (BIP) créée par son père après son élection un an plus tôt. Le contrat, portant la mention « sans aucune possibilité de renouvellement » avait été renouvelé à une dizaine de reprises jusqu’à sa titularisation par la mairie centrale, en 2019, quelques mois avant la bascule de la ville à gauche.
Interrogé par Marsactu, qui avait révélé ce potentiel piston, Stéphane Ravier avait dans un premier temps crânement assumé : « J’ai bien compris qu’en embauchant mon fils, ça allait me retomber sur la gueule. Mais devais-je sacrifier l’emploi de mon fils ? J’ai pensé qu’il ne méritait pas la double peine (…) Si je l’avais voulu, je l’aurais embauché comme assistant parlementaire« .
Mais à l’audience, le 18 avril dernier, le Sénateur Reconquête conscient d’avoir marqué contre son camp avait rétropédalé dans les grandes largeurs : « Il s’agissait de réponses sous forme de bravade à une enquête médiatique… C’était une déclaration à l’emporte-pièce, d’agacement. Je conteste mes propos« , avait-il assuré. Avant de renvoyer la balle, et l’entière responsabilité du recrutement de son fils, dans le jardin de l’ancien maire de Marseille, Jean-Claude Gaudin, décédé depuis : « Les mairies de secteur n’ont pas le pouvoir d’embaucher qui que ce soit. C’est Jean-Claude Gaudin qui l’a fait.Du moment où la Ville a décidé de l’engager, pourquoi aurais-je fait obstacle ? Je réfute les accusations qui sont portées à mon encontre« .
Face aux juges, Stéphane Ravier avait encore mis ces accusations sur le compte d’une « volonté de vengeance« . « Chez mes collaborateurs, il y a une frustration de servir la ligne politique de ce vulgaire Stéphane Ravier. Et lorsque j’ai été réélu sénateur contre toute attente, ça a été une couleuvre en plus à avaler, ils ont décidé de se faire Stéphane Ravier« .
Une version des faits qui n’a visiblement pas convaincu les magistrats. Il faut dire que, dans ce dossier, l’accusation avait sorti de sa manche plusieurs témoignages accablants, dont celui de son ancienne directrice de cabinet de l’époque, qui avait confié aux enquêteurs que le sénateur était directement intervenu pour le recrutement et les renouvellements. « C’est plus le père qui agissait que l’élu« , a résumé une ancienne collaboratrice.
Plus désastreux politiquement, le tribunal avait cité les propos de Claude Bertrand, l’ancien directeur de cabinet de Jean-Claude Gaudin, alors considéré comme un « maire bis ». Ce dernier avait expliqué que Stéphane Ravier, qui se présentait alors comme l’opposant politique le plus farouche de la « Gaudinie », « l’avait contacté pour lui demander d’embaucher son fils comme vacataire« . « C’était pour connaître la procédure pour postuler, pas pour embaucher Thomas« , s’était défendu le sénateur Ravier à la barre. Et de s’attirer les foudres du Procureur de la République, Mathieu Vernaudon : « Pourquoi allez-vous en mairie centrale, voir le directeur du cabinet du maire avec qui il est si difficile d’obtenir un rendez-vous, pour obtenir un renseignement que les ressources humaines pouvez-vous donner ou que vous pouvez trouver sur internet ?« .
« En échange de quelle contrepartie ? » s’était interrogé le procureur. Stéphane Ravier a mis en jeu son poids politique auprès du cabinet du maire de Marseille. « Le dossier établit qu’il a utilisé son mandat pour mobiliser ses équipes à la mairie de secteur dans le but de faire recruter son fils et renouveler son contrat jusqu’à lui faire obtenir emploi à vie dans la fonction publique territoriale (…) Ces éléments sont de nature à alimenter un sentiment de défiance des citoyens envers l’institution et notamment les élus« , avait conclu le magistrat en réclamant douze mois de prison avec sursis, une amende de 20 000 euros, mais surtout, l’application de la peine automatique d’inéligibilité pendant cinq ans.
Des réquisitions suivies en partie ce mercredi matin par le tribunal. De son côté, son fils Thomas, qui « ne pouvait ignorer qu’il bénéficiait d’un avantage fourni par son père qui est nécessairement intervenu« , avait estimé Mathieu Vernaudon, écope d’une amende de 5 000 euros et une même inéligibilité durant un an.
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