Les réponses du ministre de l’Agriculture, Marc Fesneau, n’ont pas suffi à rassurer les éleveurs laitiers d’Auvergne-Rhône-Alpes, ce mardi 3 octobre. Toujours « mécontents », ils ont l’impression qu’ils n’ont pas la même vision des choses avec le représentant de l’État.
Classer leurs élevages « industriels » serait d’abord non seulement très négatif, mais en plus complètement en inadéquation avec la réalité. « Une question a été posée au gouvernement ce mardi 3 octobre. On ne lâchera pas l’affaire ! », souffle le président de la section régionale laitière de la FRSEA Auvergne-Rhône-Alpes, Stéphane Joandel. Une centaine de parlementaires soutiennent la profession dans ce dossier.
« Il faut qu’on arrête ce discours-là ! »
En Auvergne-Rhône-Alpes, les Appellations d’origine protégée (AOP) rencontrent actuellement quelques difficultés, notamment côté commercialisation. Le prix est assez élevé alors qu’en face, la consommation baisse.
« L’alimentation a un prix. Les grandes et moyennes surfaces font les prix les plus bas. Il faut qu’on arrête ce discours-là ! Il ne faut surtout pas qu’on détricote Egalim, elle fonctionne. »
Stéphane Joandel (président de la section régionale laitière de la FRSEA Auvergne-Rhône-Alpes)
Il est hors de question d’avoir une baisse du lait en termes de prix, alors que le volume régional est en baisse d’environ 3 %, en raison des conditions climatiques, de l’attrait pour d’autres cultures…, « alors qu’on peut avoir une qualité de vie », assurent les organisations syndicales.
Plaidoyer pour l’élevage
La Fédération nationale des producteurs de lait (FNPL) lance d’ailleurs un plaidoyer « Fiers d’être éleveurs laitiers », axé autour de trois angles :
- alimentaire, avec « l’utilité de consommer du lait, basée sur des études scientifiques » ;
- environnemental, « avec ce qu’apporte l’élevage laitier » ;
- économique, pour nos territoires : « quand il reste des éleveurs et une laiterie, il reste de l’économie localement ».
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Tromperie
« Sur le marché intérieur, on s’aperçoit que des produits fabriqués à partir de lait venant de l’étranger sont estampillés français. On ne veut pas que le consommateur soit trompé sur des produits qu’il va acheter au coût de production. Avec le changement climatique, la production sera de plus en plus chère et va continuer à diminuer dans les années à venir », alerte Eric Pichard, producteur en Haute-Loire. Sans compter que ces importations de l’Union européenne augmentent de plus en plus.
Difficulté d’accès aux prêts
Quel message cela renvoie-t-il aux jeunes ? Poids des contraintes, absence de rémunération, difficulté croissante à accéder aux prêts…
« On sait que la filière n’attire par particulièrement par rapport à l’astreinte, mais elle peut être rémunératrice à certaines conditions. L’augmentation du prix a uniquement servi à couvrir les charges de l’année passée, on ne parle pas encore de cette année. Et la hausse des coûts bancaires est une grosse préoccupation. »
Clément Rivoire (vice-président des Jeunes agricultures Auvergne-Rhône-Alpes en charge de l’installation)
Car aujourd’hui, les banques ne souhaitent pas prêter pour les capitaux au-delà de dix ou quinze ans. Or, il est impossible pour un jeune de rembourser le capital en moins de dix ans.
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Quelles annonces ce vendredi ?
Ce vendredi 6 octobre, la filière compte donc bien rappeler au ministre de l’Économie, Bruno Le Maire, que la rémunération et les perspectives pour la profession passent par le prix. « Pour l’instant, le consommateur choisit de diminuer sa consommation de produits à haute valeur ajoutée (bio, AOP…), mais ça, c’est une vision à court terme. »
« On ne veut plus revoir le schéma dans lequel on donne au producteur ce qui reste. »
Thierry Roquefeuil (président de la Fédération nationale des producteurs de lait (FNPL))
Qui poursuit : « Le ministre nous prend du pognon de la main droite comme avec le gazole non routier (GNR) et va nous donner de la main gauche une exonération fiscale ? Sur le GNR, notre modèle laitier est basé sur l’autonomie de nos exploitations : il faut faucher, labourer… et pour ça, il nous faut nos tracteurs ! D’un côté, on nous dit qu’on a un modèle durable et de l’autre on scie la branche sur laquelle on est assis. »
Pour les éléveurs, il faut surtout que les politiques n’aient pas juste en ligne de mire 2027 et l’échéance électorale qui va avec.
Gaëlle Chazal
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