Deuxième évacuation de gymnase municipal en quelques semaines à Lyon. Le maire de Lyon Grégory Doucet a fait évacuer, par la force publique, le gymnase Chanfray dans le 2e arrondissement qui était occupé par des familles à la rue.
Une évacuation très critiquée alors que la mairie renvoie la responsabilité de l’hébergement d’urgence à l’État.
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80 femmes et enfants délogées par la police
Mercredi, la police nationale a délogé 80 personnes sans-abris, majoritairement des femmes et des enfants quelques heures après leur intrusion dans l’équipement municipal. Le collectif Solidarité entre femmes à la rue a pris l’initiative d’occuper le gymnase sportif pour mettre à l’abri les familles, ce qui a provoqué l’intervention de la mairie centrale.
L’évacuation s’est déroulée vers 20h30 et les personnes ont été remises à la rue dans la foulée. Selon la préfecture du Rhône, la réquisition de la police nationale s’est faite à la demande du maire de Lyon.
« Des méthodes d’occupation ciblées pas acceptables »
« Malgré le soutien de la municipalité, le collectif emploie aujourd’hui des méthodes d’occupation ciblées d’équipements exclusivement municipaux. Ceci n’est pas acceptable », a déploré dans la soirée la mairie de Lyon dans un communiqué pour justifier l’intervention de la police municipale. « Et ce, alors même que le 30 mai prochain devait se tenir, à l’invitation de la Ville de Lyon et de la députée (écologiste) Marie-Charlotte Garin, un temps d’échanges avec le collectif ».
« Une rencontre qui fait suite à la proposition de la Ville de Lyon, restée sans réponse à ce jour, de nuitées d’hôtel pour mettre à l’abri les femmes et enfants les plus vulnérables », affirme-t-on à l’hôtel de ville.
La Ville de Lyon tient à souligner que les conditions de vie dans un gymnase ne permettent pas d’assurer un accompagnement social et une prise en charge dignes. Régulièrement sollicitées, les différentes associations intervenant dans le domaine de l’urgence sociales sont amenées à décliner les demandes d’intervention dans de telles conditions.
La Ville de Lyon interpelle l’État et la préfecture
Le maire de Lyon a de nouveau renvoyé la balle à l’État en assurant qu’il s’agit de la responsabilité de la préfecture d’agir.
« La Ville de Lyon tient à rappeler qu’elle a interpellé l’État, tant au niveau local, qu’au niveau national, par un courrier envoyé le 4 mai dernier au Délégué interministériel à l’hébergement et à l’accès au logement. Elle a redit se tenir à disposition pour trouver ensemble des solutions d’hébergement qui réponde à l’urgence des situations que vivent ces familles à la rue ».
La préfecture du Rhône n’a pas répondu publiquement à la Ville sur cette nouvelle évacuation. Le 3 mai dernier, le maire avait utilisé la force publique pour l’évacuation du gymnase Dargent (8ᵉ arrondissement) où 170 personnes occupaient illégalement les lieux.
Une décision qui « déshonore » Grégory Doucet
« On a passé l’hiver dehors et ça fait des semaines qu’on dort sous la pluie. On n’en peut plus ! », a dénoncé le collectif Solidarité entre femmes à la rue pour justifier l’occupation du gymnase du 2e.
« La mairie de Lyon a définitivement perdu son âme. Expulser par la force avec la préfecture des femmes et des enfants qui avaient trouvé refuge dans un gymnase municipal déshonore Grégory Doucet qui avait promis main sur le cœur de leur porter secours. Tristesse et colère », a dénoncé de son côté le collectif Jamais Sans Toit.
Critiques à gauche
La décision de Grégory Doucet a été dénoncée aussi bien à gauche et même à droite. « La mise à la rue de femmes et enfants par les forces de police n’est pas acceptable dans la ville accueillante et protectrice que nous voulons (…) », a déploré le Parti communiste de Lyon dans un communiqué.
Le maire Les Républicains du 2e arrondissement, Pierre Oliver, a de son côté critiqué l’action du collectif au micro de BFM Lyon. Il dénonce une introduction « extrêmement violente » dans le gymnase.
L’opposant a également rejeté la faute sur le maire de Lyon et son adjointe aux solidarités Sandrine Runel (PS). Cette dernière évoquait une décision « douloureuse » à propos de l’évacuation de début mai, rappelant que « nous sommes une des collectivités qui en font le plus, mais on ne pouvait pas se permettre que des équipements collectifs soient utilisés au détriment d’autres usagers ».
Deux évacuations le même mois qui mettent Grégory Doucet et sa majorité en position délicate.
La décision du maire est vécue comme une trahison à gauche et jette un froid polaire entre la municipalité et des collectifs réputés proches de la majorité municipale. Selon nos informations, même en préfecture, la décision du maire a surpris les agents de l’État.
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