Une rencontre d’urgence a été organisée le jeudi 23 mai à l’hôtel de ville de Rognac dans les Bouches-du-Rhône. Cette rencontre a rassemblé la mairesse Sylvie Miceli-Houdais de l’Union des démocrates et indépendants (UDI) et Stéphane Le Rudulier, son prédécesseur et mentor du parti Les Républicains (LR). Ils étaient accompagnés d’une vingtaine d’électeurs représentant la majorité municipale instable de cette ville de 12 000 résidents.
Ces électeurs, tout comme une grande portion des habitants de cette ville qui est située aux abords de l’étang de Berre, cherchaient des réponses à propos des révélations faites par la presse concernant la gestion des fonds municipaux. En novembre 2023, une enquête conduite par Le Monde avait révélé une partie des largesses du sénateur et de la mairesse au regard des règles et de l’argent public.
Le 14 mai, le site d’information Marsactu.fr a divulgué que « des hôtels de luxe, des voyages et des spiritueux » avaient été payés avec des fonds municipaux par les deux élus. Deux jours plus tard, la mairesse rétorquait pendant un conseil municipal conclu en vingt-deux minutes, que cela n’était rien d’autre qu’une campagne de désinformation orchestrée en faveur de l’opposition. Elle faisait notamment référence à d’anciens camarades qui avaient démissionné de leurs mandats sans les nommer.
Cependant, cette défense a volé en éclats lorsque Marsactu.fr et La Provence ont précisé que ces « dépenses somptueuses » avaient été signalées à la justice au début de l’année par une fonctionnaire récemment arrivée en mairie. Une enquête préliminaire fut finalement ouverte le 17 avril par le parquet d’Aix-en-Provence sur la base de cette dénonciation. La dénonciatrice a ensuite été entendue.
Comme révélé par Marsactu.fr et Le Monde, des registres associés à la carte bancaire municipale et à l’opération de la fonctionnaire ont été examinés, incluant également l’analyse des dépenses du sénateur provenant des fonds publics. Il est intriguant de constater qu’il n’y a pas de lien manifeste entre certains achats que nous avons pu explorer de 2019 à 2024 et les mandats des deux officiels élus, ainsi que l’insuffisance, voire l’absence, de contrôle de la part des autorités de supervision. M. Le Rudulier réfute toute dépense illégale tandis que Mme Miceli-Houdais n’a pas répondu à notre approche.
Dans un courrier électronique envoyé à ses associés, la mairesse a exprimé son regret le lundi 27 mai concernant « les pressions politiques et médiatiques », soulignant qu’ »il est crucial de résister à l’intimidation (…) et de rester fidèle à nos valeurs fondamentales : l’intégrité, l’éthique et l’intérêt général ».
Au milieu du mois d’avril 2017, Stéphane Le Rudulier, alors maire de Rognac depuis une année, s’est équipé d’une carte d’achat. Cette carte, similaire à une carte bancaire traditionnelle mais sans avoir la capacité d’effectuer des retraits en espèces, offre à son propriétaire la capacité d’effectuer de petites dépenses au nom de la communauté, sans devoir se conformer à des règles de marchés publics compliquées.
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