Après la députée Nupes Marie-Charlotte Garin et le maire de Villeurbanne Cédric Van Styvendael, c’est au tour du maire du 2ᵉ arrondissement de Lyon de se plier à l’exercice face à la rédaction d’actu Lyon. Pierre Oliver répondait à l’invitation de notre nouveau format « Les Rendez-Vous d’actu Lyon« .
Le maire républicain du 2ᵉ arrondissement est l’un des plus fervents opposants à Grégory Doucet, maire écologiste de Lyon. Proche de Laurent Wauquiez, il ne cache pas ses ambitions de remplacer son rival écologiste à la tête de la 3ᵉ ville de France. Après un échange informel avec les journalistes, lors duquel il est apparu détendu et très confiant, l’élu a répondu à nos questions jeudi 21 septembre 2023.
Propos recueillis par l’ensemble de la rédaction d’actu Lyon, rédigé et édité par Théo Zuili et Nicolas Zaugra.
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« Les Verts n’ont pas de bilan »
Actu : À mi-mandat, quel bilan dressez-vous des élus écologistes à la métropole et à la ville, dont Grégory Doucet ?
Pierre Oliver : Ils n’en ont pas. Les projets qui sortent sont globalement des projets qui ont été portés et lancés par l’ancienne majorité. Sur le plan culturel, aucun projet ambitieux. Sur le plan sportif, non plus. Sur la végétalisation, on nous parle de 7000 m² végétalisés par an, ce qui est dans la moyenne de ce que faisaient les précédentes équipes. Sur les pistes cyclables, on a eu des annonces, mais le rythme est à peu près le même que ses prédécesseurs. Sur le logement social, on est en retard par rapport aux ambitions. Sur le plan d’investissement, ils feront moins que Gérard Collomb.
Quand on prend tout cumulé, on se rend compte que le bilan est maigre. Finalement, les seules choses qu’on retient des écologistes sur cette première partie de mandat, ce sont les polémiques et les petites phrases. Le maire a un petit peu tendance à faire de la politique comme Sandrine Rousseau pour faire du buzz, mais derrière, ce ne sont pas des actions concrètes qui se retranscrivent pour les Lyonnais.
Quel est votre bilan de mi-mandat à vous ?
PO : Il faut savoir que les maires d’arrondissement ont des moyens très limités. Ma priorité, c’était de rénover toutes les salles associatives que nous avons en gestion et ça sera partiellement fait parce que la salle que j’ai lancé cette année, la salle Franklin, est en cours. On va ouvrir une salle associative à Confluence. Sur ce segment-là, c’est quelque chose qui s’accomplit.
On a travaillé sur la voirie, végétalisé et mis en place des zones de rencontre.
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Quel programme si vous êtes maire ?
Vous critiquez beaucoup la majorité, mais vous avancez peu de propositions concrètes. Où est votre programme pour Lyon ? Si vous devenez maire, quelles sont vos grandes mesures, vos orientations ?
PO : Si demain, je suis candidat, vous serez au courant. Quand on est candidat, c’est qu’on a un projet. On travaille en permanence sur tous les sujets. Être dans l’opposition, ce n’est pas s’opposer systématiquement. Il y a parfois de très bonnes idées qu’on reprend.
Je pense que les thématiques centrales des prochaines élections, ce seront dans un premier temps la sécurité. On aura quoi qu’il arrive des ambitions précises sur le recrutement de la police municipale et sur le déploiement de caméras supplémentaires. On a aussi proposé au maire, comme à Nice, l’installation de bornes pour que l’on puisse solliciter la police municipale en appuyant sur un bouton.
Ensuite, c’est l’environnement et l’écologie. Pour la transition écologique, nous ne voulons pas de la décroissance. On croit à l’innovation et aux entreprises (…) Ça passe aussi par planter plus d’arbres.
Enfin, la mobilité. Qu’il y ait moins de voitures en ville, on est tous d’accord avec ça, mais moins ne veut pas dire plus aucune. Il faut une bonne mixité d’usages.
Quel calendrier pour les municipales ? Désignation du candidat à droite, accords… Et êtes-vous pour une candidature unique LR-LREM ?
PO : La gauche n’est pas si unie que ce que l’on croit. On va désigner un chef de file et derrière ça nous donnera toute la latitude pour pouvoir discuter avec les différents partenaires. Je pense qu’il faut une union large de ceux qui ne veulent plus ldes écologistes et avec qui on peut avoir un programme commun. Je pense à une union du centre et de la droite. On a déjà des discussions, on a l’occasion de travailler en commun le calendrier.
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Une opposition de mauvaise foi ?
En visant Grégory Doucet, vous affirmez régulièrement qu’il n’aime pas Lyon. Sur quoi vous vous basez et pourquoi ?
PO : On a fait des remarques en disant que le modèle qui est appliqué par le maire de Lyon, il pourrait être appliqué n’importe où. C’est une espèce de catalogue des mesures écolos. Ce n’est pas un maire qui n’aime pas sa ville. Ce qu’on dit, c’est que les réflexes qui sont les siens ne sont pas forcément en phase avec Lyon et avec l’histoire de la ville. Il serait à Grenoble, à Toulouse, ou à Dunkerque, il aurait la même politique.
Vous apparaissez médiatiquement comme un homme ambitieux. Mais comment est-ce que vous comptez contrer votre déficit de notoriété ? Est-ce quelque chose qui vous inquiète ?
PO : La notoriété, c’est quelque chose de très dur à avoir en politique. Il faut être assez humble. Mais le fait d’être une grande personnalité nationale n’a pas forcément un poids supplémentaire sur le scrutin municipal. Ce qui compte, c’est la connaissance du terrain. C’est pour ça que je vous dis que ça ne m’inquiète pas plus que ça.
En face, on vous bâtit une réputation d’homme de mauvaise foi sur les réseaux sociaux. Qu’elle soit méritée ou non, est-ce un choix de se faire entendre ainsi, quitte à prendre le risque de le faire au détriment de votre crédibilité ?
PO : Ce qui est dur avec les réseaux sociaux, c’est que c’est un moyen de communication qui force à ultra-synthétiser pour être pertinent. Le rôle d’un président d’opposition, c’est de trouver tout ce qui dysfonctionne. C’est ma stratégie aujourd’hui. Je comprends que du côté de la majorité, ça puisse agacer, mais c’est la politique.
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« On doit construire plus à Lyon »
Le 2ᵉ arrondissement est l’un de ceux qui sont les plus plébiscités par Airbnb, quelle est votre position à ce sujet ?
PO : On en a suffisamment maintenant, ça ne sert à rien de continuer l’expansion. La mesure qui a été prise l’année dernière pour limiter les locations meublées courte durée va dans le bon sens.
Le 2e arrondissement concentre le tourisme, le commerce mais perd des habitants. Comment stopper cette tendance et créer des vies de quartiers ?
PO : À Perrache et entre Bellecour et Carnot, je ne suis pas d’accord. Ce sont des quartiers qui se vivent comme un village. Au nord, on a un énorme turn-over et c’est vrai depuis 30 ans. On voit des gens qui s’installent et déménagent rapidement.
Mais les familles fuient tout Lyon. Tout est fait pour les faire fuir. Vous avez une voiture, vous ne pouvez plus venir. Vous avez besoin de deux stationnements, ça coute plus cher… Il n’y a que des contraintes pour les familles.
Pour recréer une vie de quartier, il faut tout l’inverse de ce qui est fait actuellement. Les mobilités, la création d’entreprise, la construction de logements…
L’encadrement des loyers mis en place dans ce contexte aboutit à quoi ? Au lieu d’avoir trois personnes qui se positionnent pour un appartement, vous en avez des dizaines et les propriétaires prennent ceux qui ont le plus de garanties financières. On doit construire plus dans la ville, en hauteur, arrêter d’artificialiser les sols en troisième couronne. Toute la classe moyenne et notamment les familles se font matraquer par la politique municipale.
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Contre la piétonisation de la Presqu’île
Votre arrondissement est concerné par le projet de piétonisation de la Presqu’île. On a des commerçants qui craignent un centre-ville musée, des habitants qui disent qu’ils ne viendront plus en Presqu’île. Qu’est-ce que vous proposez concrètement ?
PO : En créant des zones piétonnes, on crée des zones touristiques qui ne sont plus à vivre. C’est ce qu’on voit dans le Vieux-Lyon. La volonté de la part de l’exécutif de piétonniser entre Bellecour et Terreaux va poser des problèmes.
Prenez rue de la République : il n’y a plus d’habitants, c’est insupportable d’y vivre. Vous avez du bruit en permanence, des gens qui se battent, qui squattent, du trafic de drogues… Les rues piétonnes sont les rues les plus désertées par les habitants.
Si on veut réduire massivement la pollution dans nos villes, il faut travailler sur l’isolation de nos bâtiments et ça la majorité l’oublie toujours. Empêcher d’accéder au centre-ville ne résoudra pas la crise environnementale.
Pour le projet Rive Droite, vous souhaitiez lancer votre propre consultation auprès des habitants pour récolter leur avis. Quel est le but ?
PO : Elle est déjà partie dans les boîtes aux lettres. Je passe mon temps à reprocher que les concertations des écologistes ne sont pas sincères. Elles prennent en compte l’avis de tout le monde sauf ceux qui habitent le secteur.
Il y a une réflexion à avoir. Personne ne veut avoir 80 000 véhicules par jour sous ses fenêtres. J’ai envie qu’on trouve une solution. Mais là, ce qui est proposé, c’est de ne plus aller en Presqu’île. Il faut trouver d’autres solutions.
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Des pistes cyclables : « Oui, mais avec de la nuance »
Les écologistes accusent la droite d’être contre les Voies lyonnaises et le vélo en général. Que répondez-vous ? Êtes-vous pro-bagnole ?
PO : Pour les Voies lyonnaises, le fond n’est pas le problème. C’est la forme et la façon qu’il y a eu de travailler sur les différents tracés. Quand vous avez une Voie lyonnaise qui ferme l’accès à un hôpital, on se dit : « Mais pourquoi ils n’y ont pas pensé avant ? »
Je pense que tout le monde doit trouver sa place dans l’espace public. Celui qui a besoin de sa voiture doit pouvoir l’utiliser, celui qui circule à vélo ou trottinette doit pouvoir circuler sans danger. Il faut un équilibre dans lequel on conserve du stationnement. Aujourd’hui, on supprime pour supprimer. Les pistes cyclables sont une très bonne idée, il en faut. Mais il faut de la nuance, il faut un équilibre.
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Grégory Doucet, « un maire qui manifeste contre la police »
Concernant les problèmes de “rodéos urbains” rue Édouard Herriot et rue de Brest, vous avez écrit à Gérald Darmanin lorsque le dispositif des barrières et des vigiles a été levé. Vous souhaitez que la Ville pérennise ce dispositif qui coûte cher, mais qui était utile, puisque les problèmes ont refait surface depuis son arrêt. Quelles autres solutions pourrait-on imaginer pour endiguer ce phénomène ?
PO : La solution trouvée par Gérard Collomb de fermer les rues à partir de 22h a porté ses fruits. Aujourd’hui, on a juste un panneau qui n’empêche plus rien. La solution, c’est de fermer les rues tant qu’il le faudra pour éviter que ces voitures immatriculées en Pologne viennent faire des allers-retours sur la rue Edouard-Herriot et de la rue de Brest à grande vitesse.
Quand on me dit que le dispositif couterait trop cher, on regarde l’excédent sur le dernier prévisionnel et les impôts supplémentaires cette année. Il faut que la peur change de camp et avec cette municipalité, on voit bien que ce ne sont pas les voyous qui ont peur.
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La place des Terreaux et les pentes de la Croix-Rousse ont été au cœur du sujet de l’insécurité, les vols et les bagarres depuis quelques années. Craignez-vous que cela déborde, avec la même gravité, vers Cordeliers, Bellecour et Ampère ?
PO : Pour qu’il y ait des forces de police supplémentaires dans le 2ᵉ arrondissement, j’ai des échanges directs avec le ministre de l’Intérieur et avec le directeur départemental de la police.
Si je devais compter que sur ce que fait Grégory Doucet pour se protéger le 2ᵉ arrondissement, ça fait longtemps qu’on serait devenu le 1ᵉʳ ! Vraiment, là-dessus, je pense vraiment que notre priorité à nous, c’est de faire en sorte qu’on ait le maximum de force de l’ordre.
Est-ce que la situation est aujourd’hui plus apaisée, du mieux sur le sujet ? Les chiffres de la délinquance s’améliorent, dans les transports par exemple…
PO : C’est simple, on va comparer les chiffres. Le maire de Lyon qui nous a dit qu’il allait recruter des policiers municipaux : il n’en a pas recruté un nouveau. De l’autre, le ministre de l’Intérieur a promis des effectifs qui sont arrivés et qui sont sur le terrain.
Ça a fait baisser la délinquance. Mais qui peut me dire que la mairie a fait un effort sur l’insécurité ? C’est le plus petit budget d’investissement du mandat ! On a un maire qui manifeste contre la police, qui explique que tout va bien et qui n’installe pas une caméra de plus.
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