La pluie n’arrête pas de tomber depuis plusieurs semaines et le redoux entraîne la fonte des premières neiges en montagne. Ces conditions météo donnent une situation inédite dans la plaine du Bouchage, en Nord-Isère : la cellule de veille du Syndicat de Défense Contre les Eaux du Haut Rhône, le Sidcehr, est active depuis un mois.
Cette cellule réunit les mairies du Bouchage, de Brangues, des Avenières-Veyrins-Thuellin et de Groslée-Saint-Benoît dans l’Ain. Elle est en charge d’acter, en lien avec la Préfecture de l’Isère, l’ouverture ou non de la vanne de Brangues pour laisser le Rhône se déverser dans la plaine.
Le Rhône déborde par-dessus la vanne de Brangues
« On commence à avoir le Rhône qui déborde par-dessus notre vanne et on a plus de débordement que de capacité de pompage » décrit Sylvain Granger, le maire de Brangues et président du Sidcehr. Les pompes de la station ont donc été mise à l’arrêt ce mardi en soir, première étape avant une éventuelle ouverture de vanne. « C’est inédit de devoir rester aussi longtemps en veille et sur le pont. On ne sait jamais vraiment dire de quelles proportions sera l’inondation. Sa durée, jusqu’où elle va s’épandre, jusqu’où elle va monter… tout ça est très aléatoire. »
Les élus ont des prévisions sur six à douze heures maximum. Si la vanne venait à être ouverte, l’eau pourrait monter assez vite car les champs sont encore saturés de la crue du 3 décembre. Ce week-end là, la maison d’Hercole Ghirelli, isolée du bourg du Bouchage, s’est retrouvée sur une île. « On est entourés d’eau donc on ne peut pas sortir. Tant qu’elle ne rentre pas dans la maison, on reste tranquille. Là, ça s’est arrêté au portail. »
Élus et habitants en alerte depuis plusieurs semaines
Au chaud près de son poêle, il surveille le débit du fleuve sur son téléphone plusieurs fois par jour. En 50 ans ici, le risque d’inondation n’est jamais resté élevé si longtemps. « Si là il déborde, ça fera une de plus en dix jours, c’est pas normal ! » s’exclame le retraité. « En règle générale, on risque l’inondation au mois de mars. La pluie, c’est une chose, mais le plus, c’est la fonte des neiges. Ça fait de l’eau en plus, donc on ne peut rien y faire. »
La commune du Bouchage est inondable à 98%. Dans les zones les plus exposées, les habitants peuvent être amenés à évacuer. « Même si nous avons une culture du risque inondation, chaque inondation provoque nécessairement une inquiétude » estime la maire du Bouchage, Annie Pourtier. « C’est une situation qu’on connaît bien mais qui est à chaque fois particulière. Depuis quelques semaines, on observe des phénomènes météo assez préoccupants » entre pluies abondantes et fontes des neiges.
« On est présents pour se préparer au mieux à ce risque inondation pour accompagner les habitants et mettre en œuvre toutes les mesures de protection des biens et des personnes. » Des communiqués sont publiés sur les réseaux sociaux au minimum deux fois par jour pour faire le point sur la situation.
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