Éric Piolle disait de lui qu’il était son « deuxième cerveau ». Ensemble, ils ont conquis Grenoble. Et en 2014, Eric Piolle devient le premier maire écolo d’une ville de plus de 100 mille habitants. Sorte de spin doctor, l’ancien conseiller spécial était toujours présent lors des interviews, des conférences de presse, veillant jalousement sur son « patron », sans compter ses heures.
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De la parfaite entente à la haine
Le premier mandat à la mairie de Grenoble est idyllique entre les deux hommes mais leurs relations vont se dégrader notamment quand Éric Piolle se présente aux primaires de son parti EELV en vue de la présidentielle de 2022. L’éminence grise n’est plus en odeur de sainteté et se fait débarquer brutalement.
Avant de partir, ce docteur en philosophie politique a écrit une lettre de plusieurs pages, qu’il a adressée à certains élus de la majorité d’alors et à des agents municipaux. Il y disait son amertume d’avoir été licencié « avec les droits d’un contractuel de la fonction publique de moins d’un an d’ancienneté, c’est-à-dire avec une prime de précarité quasi nulle et un chômage amputé. »
« Mon client n’a reçu que silence et mépris »
Si l’homme de l’ombre n’a pas voulu s’exprimer et souhaite que son nom n’apparaisse pas dans les médias, son avocat a accepté de s’expliquer au nom de son client. « Le maire de Grenoble dit que mon client veut lui nuire, se venger, mais c’est faux! » s’exclame Maitre Assous, du barreau de Paris. « Cela fait deux ans qu’il essaie que ses droits soient respectés, en vain. Il n’a reçu en retour que silence et mépris de la part d’un homme qu’il a servi loyalement durant 8 ans. Eric Piolle essaie de retourner la situation, mais s’il est dans cette situation aujourd’hui, c’est de sa faute à lui! »
Rappelons les faits tels que décrits par l’ancien collaborateur du maire de Grenoble au Canard Enchainé. Il affirme avoir été augmenté de 600 euros mais en échange il a dû, durant trois ans, à la demande d’Éric Piolle, reverser, chaque mois, 400 euros en liquide à Elisa Martin, alors première adjointe, parce qu’elle aurait eu du mal à boucler ses fins de mois. Une somme qui n’a donc pas été déclarée au fisc.
Lors de sa conférence de presse, mercredi en fin d’après midi, Éric Piolle a refusé de s’exprimer sur le fond de l’affaire, expliquant que celui qui fut si proche de lui réécrivait l’histoire et que si on l’incitait à monter sur le ring, sa réaction était de ne pas y aller.
« Il va devoir s’expliquer devant la justice car nous avons toutes les preuves »
Maitre Assous saisit la balle au bond : « Si je comprends bien sa métaphore sur le ring, la devise à Éric Piolle, c’est ‘courage fuyons’. Mais il va devoir s’expliquer devant la justice car nous avons toutes les preuves de ce que l’on avance. D’ailleurs, je ne serais pas, là, devant vous, à répondre à vos questions, si cela n’était pas le cas. »
Et l’avocat d’enfoncer le clou : « Nous avons des éléments écrits, notamment des correspondances échangées avec Monsieur Piolle. Donc, sa posture victimaire est grotesque. La seule question intéressante aujourd’hui est : a-t-il commis les faits qu’on lui reproche? et la réponse est oui. Nous avons des preuves écrites, je vous le redis, attestées par constat d’huissier ! »
Vous avez dit avocat sulfureux ?
Éric Piolle a qualifié l’avocat de son ancien collaborateur de « sulfureux », comme pour le décrédibiliser. Maitre Assous, un sourire dans la voix, s’en amuse : « Si c’est ‘sulfureux’ de défendre un malheureux vis-à-vis d’un maire d’une grande ville de France, je considère que ces propos sont ridicules. On voit bien qu’Éric Piolle est quelqu’un de déconnecté de la réalité qui n’a aucun argument et qui fait appel à la polémique. Mais bon, libre à lui de se défendre comme il l’entend en voulant disqualifier ceux qu’il considère comme ses adversaires. »
Enquête ouverte pour concussion
Maitre Assous souligne en tous cas que, dès la parution de l’article dans le Canard Enchainé, intitulé : « l’impayable combine du maire de Grenoble », le Parquet de Grenoble a ouvert une enquête préliminaire pour concussion et recel de ce délit. Un délit puni d’une peine de 5 ans de prison et de 500 000 euros d’amende.
Le silence assourdissant d’Élisa Martin
La seule à ne pas s’être exprimée sur l’affaire et qui ne souhaite pas le faire, d’ailleurs, est Élisa Martin, ancienne première adjointe d’Éric Piolle à la mairie de Grenoble et élue, en juin 2022, députée LFI de l’Isère. Elle aurait donc bénéficié, entre 2017 et 2020, de plus de 16.000 euros, nets d’impôts. Elle nous a juste répondu par SMS : « Prise au dépourvue, je vais prendre un avocat. » L’avocat en question, non plus, ne souhaite s’exprimer : « À ce stade, nous réservons nos réponses à la justice si cette dernière venait à nous entendre. »
Nul doute que si une enquête a été aussi promptement ouverte par le Parquet de Grenoble, c’est bien que la justice grenobloise souhaite faire toute la lumière sur ce que l’on pourrait qualifier de « petit arrangement entre amis ».
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