Après une première tentative en 2022, Abdelkader Lahmar (LFI) a fait basculer, le 7 juillet 2024, la 7ᵉ circonscription du Rhône avec 50,04% des voix. Il bat le député sortant et maire de Rilleux-la-Pape Alexandre Vincendet (Horizons) et le candidat de l’extrême-droite Cédric Pignal (RN). À l’Assemblée, il siège au sein du groupe La France insoumise – NFP.

Le bilan en chiffres d’Abdelkader Lahmar, député de la 7e circonscription du Rhône

Commençons par la participation au vote, « activité essentielle » du mandat de parlementaire. Pour rappel, les votes solennels sont considérés sur le site Datan, comme les votes les plus importants. Très médiatisés, ils sont au nombre de 19 au moment où nous écrivons ces lignes. Le nombre total de votes enregistrés au moment où nous stoppons notre décompte, le 12 juin, est de 2 266.

Comme le rappelle le chercheur Awenig Marié, fondateur de Datan, ces taux de participation ne reflètent pas l’ensemble du travail parlementaire. Le taux de présence en commission est aussi un bon indicateur. Abdelkader Lahmar affiche un taux de présence de 62% au sein de la commission Défense dont il est membre. La moyenne nationale est de 50% de présence dans les commissions auxquelles siègent les député·es.

Des données supplémentaires que Rue89Lyon s’est procurées auprès de Datan décomptent aussi les prises de parole significatives en hémicycle — soit des interventions programmées. Pour Abdelkader Lahmar, ce n’est arrivé que deux fois quand la moyenne nationale est de 11.

Le travail d’un·e député·e se mesure aussi à travers les amendements qu’ils et elles écrivent. Pour cela, nous avons utilisé les données disponibles sur le site de l’Assemblée nationale. Des 44 amendements déposés par Abdelkader Lahmar comme premier signataire, 14 ont été discutés (en hémicycle ou en commission). 43 % des amendements discutés ont été adoptés.

Enfin, quels ont été les votes d’Abdelkader Lahmar sur des lois marquantes discutées durant l’année, que nous avons sélectionnées ? Pour retrouver l’explication des différentes lois choisies, c’est ici.

Un nouveau député, militant des quartiers populaires

Abdelkader Lahmar se montre surtout présent dans sa circonscription qui va de Rillieux-la-Pape à Bron, en passant par Vaulx-en-Velin. Natif de cette banlieue populaire de Lyon, celui qui a été pendant 28 ans professeur d’économie-gestion au lycée professionnel des Canuts s’est très tôt investi dans le monde associatif. Sa mobilisation pour les quartiers populaires commence après la mort de Thomas Claudio, en octobre 1990, percuté par la police et des émeutes qui ont suivi dans le quartier. Abdelkader Lahmar a alors 19 ans.

Trente ans plus tard, il dénonce encore les violences policières. Notamment à Rillieux-la-Pape, où Rue89Lyon a enquêté, en avril dernier, sur les relations tendues entre la police municipales et les jeunes habitant·es disant être victimes de violences policières et de nombreuses amendes « abusives ».

Le 11 mars, Abdelkader Lahmar est intervenu à l’Assemblée nationale pour dénoncer ce « harcèlement » de « nombreux jeunes » par les policiers municipaux et ceux de la BST de Rillieux-la-Pape. Depuis, un bras de fer s’est engagé entre le maire de la commune Alexandre Vincendet (ex LR-Horizons) et le député insoumis. Le conseil municipal du 22 mars a autorisé la commune à porter plainte contre le député pour diffamation publique.

L’enfant de Vaulx de retour pour les municipales 2026 ?

Abdelkader Lahmar est bien implanté sur le terrain, surtout à Vaulx-en-Velin, l’une des communes les plus populaires de l’agglomération. Dans l’un des quartiers emblématiques de la commune, le Mas du Taureau, situé dans le Quartier Prioritaire de la Grande Île le taux de pauvreté était de 46% en 2024. C’est aussi dans ce territoire, où certaines tours se font vieilles et vétustes, que se déroule l’un des plus grands projets de renouvellement urbain de France.

Une question importante pour le député qui en a fait un de ses engagements majeurs. En 2019, il co-fonde le Mouvement d’Initiatives Vaudais (MIV), un collectif de citoyens qui entend porter la voix des quartiers populaires et « affirmer que la rénovation urbaine ne devait pas servir de prétexte à une politique d’éviction des plus modestes au profit de la gentrification », comme l’écrit le député dans sa fiche de présentation.

Une critique à peine voilée aux politiques menées par la mairie socialiste d’Hélène Geoffroy. Au Mas du Taureau, il dénonce une rénovation qui s’est faite, selon lui, sans les habitants.

Celui qui a déjà tenté à plusieurs reprises de briguer la commune sur des listes citoyennes retentera-t-il le coup en 2026 pour les élections municipales ? Si la question reste en suspens, le député pourrait bien profiter de sa popularité à Vaulx-en-Velin où il a réussi à fortement mobiliser les électeur·rices en 2024. En 2022, sa candidature pour la 7e circonscription avait pâti de la forte abstention dans la commune.