Le jeune maire de La Penne-sur-Huveaune, Nicolas Bazzucchi, est poursuivi pour viols et violences conjugales.
Deux ex-compagnes l’accusent, lui clame son innocence.
Une équipe de « Sept à Huit » fait le point sur cette affaire.
Depuis quelques mois, La Penne-sur-Huveaune, une commune de 6.500 âmes près de Marseille, est coupée en deux. En cause, les poursuites déclenchées à l’encontre du maire Nicolas Bazzucchi, poursuivi par deux ex-compagnes pour violences et viol conjugal. Mis en examen à l’issue de sa garde à vue, l’édile de 30 ans a passé deux mois derrière les barreaux, en détention provisoire. Le 20 février dernier, la Cour d’appel d’Aix-en-Provence a toutefois accepté sa remise en liberté, assortie d’un contrôle judiciaire et d’une interdiction de paraître dans sa commune.
L’affaire, sur laquelle se penche le reportage de « Sept à Huit » visible en tête de cet article, diffusé ce dimanche sur TF1, a débuté lorsqu’une femme, que nous appellerons Marie*, a déposé plainte pour violences conjugales. Devant les policiers, elle décrit alors une relation d’emprise dans laquelle elle aurait subi insultes, surveillance constante, coups et crachats. « Tout de suite, j’ai senti qu’elle était dans une période vraiment de grande souffrance. Mais elle était prête à dire ce qu’elle avait », affirme Bernadette, qui accompagne depuis plus de 12 ans les femmes victimes de violences et qui s’est longuement entretenu avec Marie avant qu’elle ne se rende au commissariat. Selon elle, aucun doute n’est possible, il s’agit de « violences psychologiques », de « violences quotidiennes ».
Un mois plus tard, une autre ex-compagne, Sophie*, accuse à son tour l’élu de violences multiples. « Tout au long de notre relation de sept mois, j’ai reçu des gifles, des coups. Et un jour, il m’a pris la tête et me l’a explosée sur le bureau. Une fois, il m’a étranglée jusqu’à ce que je perde connaissance », explique-t-elle aux enquêteurs. Elle décrit également des actes sexuels que le procureur de la République qualifie de viol. « Lorsqu’on se disputait, il me demandait de lui faire une fellation et de lui demander pardon. Je ne voulais pas, mais je le faisais, car il avait de l’emprise sur moi », a-t-elle détaillé.
Un « sentiment de vengeance »
De son côté, le mis en cause, qui écarte d’un revers de main tous les appels à la démission, soutient que les violences étaient mutuelles et avaient lieu dans le cadre de relations toxiques avec ses ex-compagnes. « Ce sont deux ex à moi qui m’ont toujours dit qu’elles me saliraient une fois que ça serait fini, qui m’ont toujours menacé en ce sens. Et aujourd’hui, elles font ce qu’elles ont dit, par sentiment de vengeance », s’insurge-t-il face à la caméra de « Sept à Huit ». « Moi, ce que j’ai reconnu en effet, c’est avoir tenu des propos injurieux, réciproques, et avoir fait des crachats. Mais ce que je reproche, c’est qu’on n’aille pas chercher le pourquoi du comment, comment ça s’est passé, le contexte, et surtout ce que j’ai pu subir », ajoute encore l’élu.
Son avocat, maître Jérôme Gay, est lui convaincu que ces femmes agissent en réaction à des séparations non désirées. « Pour l’une, je parlerai plus de dépit amoureux, où il y a eu des échanges passionnés mais aussi toxiques qui ont abouti à une rupture. Et il y a eu effectivement du ressentiment. Et pour l’autre, on peut parler de vengeance, on peut s’autoriser à le faire. Puisque objectivement un expert agréé près de la cour d’appel a conclu qu’effectivement la vengeance pouvait être un bénéfice secondaire tiré de la plainte et de la présente procédure pour cette personne-là », détaille-t-il.
Une commune et un conseil municipal divisés
Toujours est-il que Nicolas Bazzucchi dirige désormais les affaires de la commune à distance, dans l’attente de son jugement. « Là, en fait, je regarde le courrier du jour. Donc, c’est classé par services. Vous voyez, secrétaire du maire, comptabilité, service technique urbanisme. Ici, on avait les ressources humaines », détaille-t-il. « C’est très frustrant parce que je suis attaché à être sur place et à pouvoir garder la porte ouverte en cas de soucis ou de problématiques à gérer. C’est vrai que je perds un peu de proximité et quand on fait un mandat local, c’est pour être dans la proximité. Je suis là pour le quotidien, pour faire avancer mon village. Et le faire à distance, ça n’a pas la même saveur », déplore-t-il encore.
Outre les habitants, qui apparaissent fortement divisés au micro de » Sept à Huit », ce dossier fragmente jusqu’au sein du conseil municipal, lequel continue de se réunir tous les quinze jours. « À ce jour, aucun juge n’a décidé qu’il était coupable. Et donc pour moi, il est innocent ce jour et il faut le respecter. Sa secrétaire, les agents de la mairie ont travaillé des fois seuls avec lui dans les bureaux et il ne s’est jamais rien passé. On n’a jamais eu aucun écho, aucun regard mal placé, aucun geste, aucun comportement inapproprié », déclare l’une des membres.
Une opinion visiblement loin de faire l’unanimité puisque douze autres représentants ont récemment démissionné. « On a des difficultés à reconnaître qu’une femme sur laquelle on crache, c’est une victime. C’est fou », fustige l’un d’entre eux, que TF1 a rencontré avant qu’il ne quitte ses fonctions. « Le maire sur ce territoire, il a des pouvoirs de police. Comment on peut avoir des pouvoirs de police sur un territoire et en même temps avoir reconnu des violences faites aux femmes ? », s’interroge-t-il encore. « Évidemment, il y a la présomption d’innocence. Mais enfin, ce n’est quand même pas moi qui ai fait écrire dans les journaux que ‘je reconnais les faits délictueux, […] je reconnais avoir insulté, craché, frappé’. Je ne veux pas d’un maire comme ça et je pense pouvoir parler au nom de plusieurs centaines, voire milliers d’habitants », abonde un autre opposant.
Nicolas Bazzucchi, qui reste présumé innocent, affirme qu’il ira au bout de son mandat. « Je ne démissionnerai pas, je ne céderai pas », martèle-t-il. Et il compte bien se représenter aux prochaines élections municipales de mars 2026.
*Les prénoms ont été modifiés.
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