L’adjoint à la Sûreté de la Ville de Lyon, Mohamed Chihi, répond à nos questions dans une interview exclusive. Déploiement des caméras de vidéosurveillance, sécurité routière, quartiers difficiles ou encore critiques de Jean-Michel Aulas, voici les réponses de l’élu proche de Grégory Doucet.
Depuis le début du mandat des écologistes, la sécurité est un sujet de critiques régulières contre le maire et sa majorité de gauche. Situation à Guillotière, rodéos en Presqu’île, délinquance, tags et saleté dans l’espace public, sécurité routière et accidents, effectifs de police municipale : les dossiers sont nombreux sur cette thématique brûlante.
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Des caméras à des points stratégiques
Actu : L’ajout de 60 caméras sera voté le 26 juin en conseil municipal à Lyon, quels seront les secteurs concernés ?
Mohamed Chihi : Le flou est volontaire, nous donnons les implantations générales (La mairie avait évoqué une priorité dans les secteurs en mutation qui comptent de nouveaux espaces publics comme la Part-Dieu ou les haltes fluviales, aux abords de certains établissements scolaires, de parcs, de lieux communautaires et de culte, et de sites touristiques, NDLR) mais pas les adresses de chaque caméra implantée.
Nous avons des points avec la police tous les six semaines dans chaque arrondissement, avec tous les acteurs concernés. Ce travail permet un recensement précis des points sur lesquels nous avons besoin d’une objectivation de caméra, que l’on fait d’abord systématiquement avec des caméras nomades. Seize cameras seront installées à la place des nomades à partir du 26 juin.
Concernant toujours les caméras, où est-ce qu’on vidéo-verbalise à Lyon ?
MC : Presqu’île beaucoup, et notamment les fins de semaine autour de l’axe Édouard-Herriot qui va être apaisé par la Zone à trafic limité. Il y a des gens qui viennent faire vrombir leurs moteurs, klaxonnent… Ceux-là sont verbalisés, il y a un effet dissuasif : seulement entre 2 et 3 % de réitération à plus de 10 jours.
Aussi pour surveiller les personnes qui utilisent leur véhicule pour déposer des immondices, notamment sur Gabriel-Péri (Guillotière) et aux alentours. Les caméras nomades peuvent également être utilisées pour vidéo-verbaliser, ça a été le cas devant une école du 8e arrondissement où il y avait beaucoup trop de stationnement.
Guillotière ? « On va continuer à travailler ».
Dans le quartier de la Guillotière, il reste des problématiques d’agressions, rixes à l’arme blanche, ou encore des ventes de cigarettes de contrebande et de médicaments, que faites-vous pour améliorer la situation ?
MC : Mon approche est très claire. D’abord, la sécurité du quotidien, ce sont des passages de police. On a bien entendu travaillé avec la préfecture et on a mis la place Mazagran au même niveau de tous les secteurs sensibles dont on discute.
Nous faisons un travail régulier de bilan et de perspectives sur le secteur. En plus des effectifs de police, nous avons installé des caméras, nous en sommes à la troisième pérennisation.
Un travail très important est effectué par la direction sécurité de prévention, en matière de suivi. Les jeux qui sont aujourd’hui réutilisés par les enfants, ne sont plus des lieux de squat. Les espaces verts ont été modifiés pour réduire les usages et notamment les caches de drogues.
Enfin, l’intervention des travailleurs sociaux, pour identifier les besoins d’une partie de la population sur place, dont une large partie est marginale. Vous dire qu’on a tout réglé, non, on va continuer à travailler.
En Presqu’île, « la ville s’est calmée »
Concernant la Presqu’île, on relève toujours les mêmes difficultés année après année, et notamment l’été avec des agressions, notamment en deuxième partie de nuit, comment traitez-vous ce problème ?
MC : On a fait un super travail, je crois. D’abord en identifiant que l’alcool dans toutes ces affaires-là était soit un facteur déclenchant soit aggravant. Et qu’il fait qu’on retrouvait beaucoup de personnes ivres, à la fois du côté victime que du côté auteur.
Nous avons réduit drastiquement l’accès au cœur de nuit à des personnes alcoolisées et j’ai pris un arrêté en juin 2021 pour interdire sur toute la commune, de 21 h à 6 h du matin, la vente d’alcool à emporter. Nous avons constaté, partout, que la ville s’est calmée.
Les faits de voie publique ont énormément baissé. Nous réalisons un travail important, qui nous a permis de faire rentrer dans le rang des épiceries qui n’ouvraient que pour vendre de l’alcool. Certaines qui n’ont pas fait évoluer leur modèle ont mis la clé sous la porte après des fermetures administratives. Très souvent, nous avons des rixes, des regroupements, des gens qui font du bruit, très souvent, on trouve une épicerie pas très loin. Par exemple dans le 8e près d’un établissement de nuit, elle a déjà eu 3 ou 4 fermetures. Vous dire que ça règle tout, non. Mais ce travail préventif, ça réduit le nombre de victimes et de méfaits.
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Vols dans les voitures : « nous aurons toujours ce phénomène à Lyon »
Pour les vols à la roulotte (dans les voitures), avec le 2e et le 6e arrondissements particulièrement touchés, comment fait-on pour stopper cela ?
MC : C’est parfois sous nos caméras que cela se passe. Nous n’arrivons pas à intervenir assez vite, ces gens passent très peu de temps, quelques secondes, ce sont des professionnels du vol à la roulotte.
Donc la première chose pour lutter contre le phénomène, c’est redire que chacun doit être conscient qu’il ne faut rien laisser d’apparent dans son véhicule. Ensuite, il faut bien sûr des passages de police municipale et nationale. Nous aurons toujours ce phénomène à Lyon, parce qu’on a un effet supermarché avec de nombreuses voitures dans les agglomérations comme les nôtres. Toutes les grandes villes de France sont touchées.
Quel sentiment avez-vous sur les routes de Lyon ? Jean-Michel Aulas et d’autres trouvent que c’est compliqué avec plus d’agressivité, faites-vous également ce constat ?
MC : D’abord, il faut redire la diminution de 50% des accidents graves et une diminution de 58% des blessés graves. Nous voyons une explosion de l’utilisation des vélos, des modes doux d’une manière générale, avec une baisse de 7% du nombre d’accidents pour ces personnes.
Je pense que la situation n’est pas pleinement satisfaisante, mais la dynamique est très bonne. Il y a plusieurs choses qui concourent à cela : bien sûr la question des aménagements, des flux séparés, extrêmement utiles pour la sécurité de chacun.
Et aussi l’action du maire de Lyon, et du président de la Métropole, d’abaisser la vitesse à 30 km/h. Il y a eu 1 700 points de contrôle en 2024, plusieurs chaque jour. On va continuer à faire ce travail. On sait qu’on peut compter sur nos agents de police, mais si on peut compter sur l’esprit citoyen de bon nombre de Lyonnais qui adoptent les bons comportements.
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