Voilà maintenant cinq mois que Christian Termoz-Mazan, premier adjoint au maire du 6e arrondissement de Lyon, s’est retrouvé malgré lui propulsé à la tête de l’administration publique suite au retrait « temporaire » de Pascal Blache (Horizons, ex-LR) de la vie politique. Soit deux mois de plus que ce qui avait été initialement annoncé.
En charge des sports et des relations internationales du très chic arrondissement depuis 2020, ancien chirurgien-dentiste, le bras droit et remplaçant de Pascal Blache s’est ainsi prêté à l’exercice de l’interview pour livrer le bilan de sa majorité.
De quoi réaffirmer, à quelques mois des municipales, l’opposition ferme du 6e face aux écologistes et la volonté de faire front sous la houlette de Jean-Michel Aulas.

« Défavorisé par la mairie centrale »

Actu : Quelles sont les mesures et actions que vous avez pu mettre en place ces six dernières années en tant que mairie d’arrondissement ?

Christian Termoz-Mazan : Vous savez, nous avons peu de moyens, surtout lorsque l’on est dans l’opposition. Ce que nous avons beaucoup fait, c’est de l’événementiel et du lien en organisant des conférences, des expositions, des ateliers, des rencontres, des forums… On est très proches de nos habitants, car c’est ce qu’ils demandent. Ils veulent de la proximité.

On a aussi réussi à pousser l’aménagement de plusieurs squares, mis en place des silos de recyclage et de déchets ménagers, obtenu enfin la validation d’un projet de cantine pour le collège Vendôme…

Mais si on a quelques satisfactions, on a surtout beaucoup de déceptions. On n’est pas arrivés à avoir une augmentation de nos agents de police, alors qu’on souffre cruellement d’un déficit d’effectif et de caméras. Seules deux cours d’écoles ont été végétalisées alors qu’on nous en avait annoncées beaucoup plus…

Avez-vous eu le sentiment d’être défavorisés en termes d’aménagements par la mairie centrale face à d’autres arrondissements, dont les mairies sont étiquetées écologistes ?

CTM : Oui, clairement. Surtout au niveau des équipements sportifs ou des crèches, par exemple.

La place Edgar-Quinet réaménagée en 2026

Ne pensez-vous pas que les projets et aménagements de la Ville de Lyon ont simplement été choisis et priorisés en fonction des besoins et des carences de chaque arrondissement ?

CTM : Peut-être, mais pas à tous les niveaux. Pour certains, c’était délibéré et il s’agissait aussi de stratégie politique.

Où en sont les grands projets du 6e arrondissement tels que le réaménagement de la place Egdar-Quinet, du chalet du Parc ou encore du musée Guimet ?

CTM : La place Edgar-Quinet était l’un de nos combats de longue date. C’est une très belle place, très centrale, qui nécessite d’être réaménagée. En tout cas, même si le projet de la Métropole est moins important que ce qu’on aurait souhaité, les travaux sur les réseaux ont déjà commencés et sa réalisation se fera en 2026.

Pour le reste, nous n’avons que peu de détails. Tout est très flou.

« Le 6e arrondissement n’est plus protégé »

L’insécurité montante dans le 6e arrondissement a fait couler beaucoup d’encre ces derniers temps. Les choses se sont-elles calmées ?

CTM : Non. Les vols à l’arraché sont de plus en plus fréquents et les vols à la roulotte sont toujours aussi nombreux. Il n’y a que pour les cambriolages où ça stagne. Comme on dit, on ne voit pas de « bleu » sur les trottoirs (la police, ndlr). Il n’y a pas de surveillance.

Le 6ᵉ, qui était un arrondissement protégé, ne l’est plus. Les gens ont peur de sortir le soir et nous le disent. Ils n’osent plus mettre leurs beaux bijoux. Ils prennent des taxis ou des Uber pour ne pas avoir à déambuler dans certains quartiers, comme sur le boulevard des Belges par exemple.

Il y a un manque de moyens et un manque de volonté politique de la Ville derrière cette accélération de l’insécurité. Notre adjointe à la sécurité, Isabelle Ramet, fait malheureusement ce qu’elle peut et continue de se battre.

Vous dites qu’il vous manque des policiers, notamment municipaux, dans vos rues. Grégory Doucet répond en disant qu’il est très difficile d’en recruter…

CTM : Il y a beaucoup de villes qui recrutent sans problème, comme Nice par exemple. Est-ce que Lyon soutient vraiment sa police municipale ? Est-ce qu’il n’y a pas un problème de qualité de travail, de salaire, de stress ? Je ne dis pas que c’est facile, mais on doit pouvoir en trouver plus facilement que ça, quand même.

Les problématiques liées à la place Zoé-Roche, notamment les nuisances sonores créées par des bandes de jeunes, ont-elles cessées ?

CTM : Non, ce n’est pas réglé. Certaines fois ça va mieux, mais ça continue toujours.

Commerce et restauration en souffrance : la faute aux écologistes ?

Vous avez déclaré que les commerces et restaurants de votre arrondissement souffrent. On voit tout de même, en parallèle, de nombreuses installations et un attrait toujours aussi fort pour le quartier…

CTM : Oui, mais cela n’empêche rien. Sur le cours Vitton, par exemple, il y a beaucoup de problèmes avec les travaux et les livreurs qui dérangent les commerçants et les clients. On circule de plus en plus mal et il y a beaucoup de personnes qui ne se déplacent plus dans le centre, comme chez nos coiffeurs par exemple. Ils n’ont pas envie de perdre du temps, car c’est devenu compliqué de traverser Lyon, ce qui a créé un véritable désintéressement du centre-ville.

Lors du dernier conseil municipal, les écologistes ont reproché aux élus d’opposition de faire du mal aux commerçants à force de répéter qu’il était difficile, voire impossible, de circuler dans Lyon et de venir en centre-ville. Qu’en pensez-vous ?

CTM : C’est un peu facile comme argument. S’il n’y avait pas eu tout ce qu’ont fait les écologistes, on n’en parlerait pas. Ils sont responsables de ça. Car même si la vérité n’est pas toujours bonne à dire, c’est la vérité. Le trafic demande à être fluidifié.

« Je ne pense pas que Pascal Blache ait l’intention de se représenter »

Peut-on espérer un retour de Pascal Blache avant la fin du mandat ?

CTM : Personnellement, je souhaite son retour, mais je conduirai la mairie le temps qu’il faut. Pour l’instant, il est en arrêt jusqu’au 31 octobre et le reste dépendra de sa volonté et de son état de santé. En tout cas, je ne pense pas qu’il ait l’intention de se représenter en 2026.

S’il se représente, il se retrouvera en tout cas face à son troisième adjoint, Gérald Avakian, qui a annoncé son souhait de candidature au Progrès…

CTM : Oui, mais ça ne veut pas dire que ce sera « notre » candidat, celui de notre groupe politique « Droite centre et indépendants ». Il y a d’autres candidats qui souhaitent se positionner et se présenter. Ce n’est pas mon cas, à part s’il fallait vraiment le faire en guise de dernier recours pour rassembler.

Jean-Michel Aulas, « l’homme de la situation »

Pascal Blache avait annoncé son plein soutien à Jean-Michel Aulas. Est-ce toujours le cas de votre majorité et de votre groupe ?

CTM : Oui, on est tous derrière Jean-Michel Aulas et moi le premier. Je le connais depuis longtemps, je l’estime et je pense que c’est l’homme de la situation et le seul qui puisse battre Grégory Doucet. 

Pensez-vous garder la mairie du 6e arrondissement, ou existe-t-il un risque que celle-ci bascule à gauche, selon vous ?

CTM : Tant que l’élection n’est pas faite, on n’en sait rien. La sociologie change énormément dans les arrondissements, donc il y a toujours un risque. C’est pour ça qu’il faut qu’on soit solidaires entre élus et que les égos de chacun ne soient pas disproportionnés. Il faut une unité autour d’une candidature valable. Mais je pense que Jean-Michel Aulas saura donner son avis et peut-être même faire un choix sur cette question.

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